![]() Friedrich Wilhelm Nietzsche (1844-1900) < ACCUEIL < |
Ma bibliographie L’accélération des publications consacrées à Friedrich Nietzsche ces dernières années, signe d’un net regain d’intérêt des philosophes français pour le penseur allemand, rend nécessairede poser quelques jalons afin de permettre de s’initier au mieux à la compréhension d’une œuvre aussi séduisante que dérou-tante. En premier lieu, s’agissant d’un philosophe pour qui l’exercice de la pensée n’est pas séparable d’une pratique vécue, il peut sembler opportun de s’intéresser à la vie de Nietzsche. La plus émouvante évocation de celle-ci se trouve sans nul doute dansle petit ouvrage de Stefan Zweig Nietzsche («la Bibliothèquecosmopolite»/Stock, réédition 1996). A compléter par la lecturedu beau livre d’une célèbre contemporaine de Nietzsche, LouAndreas-Salomé, Friedrich Nietzsche à travers ses œuvres («les Cahiers rouges»/Grasset, 2000). Ceux qui souhaitent avoir accèsà une vision d’ensemble plus précise et complète pourront sereporter à la petite biographie de Mazzino Montinari, Friedrich Nietzsche («Philosophies»/PUF, 2001). Enfin, les plus gourmands trouveront ample satisfaction dans ce qui constitue désormais labiographie de référence de Nietzsche: Curt Paul Janz, Nietzsche,biographie (3 volumes, Gallimard, 1984). Par où commencer quand on veut lire Nietzsche? Le lecteur non spécialiste dispose à présent d’une anthologie de textes d’excellente facture, complétée par un commentaire discret et pertinent des extraits présentés: Yannis Constantinidès, Nietzsche («Prismes»/ Hachette, 2001). L’œuvre la plus synthétique de Nietzsche est sans doute Crépuscule des idoles ; on en trouve une très bonne édition pédagogique, traduite et commentée par Eric Blondel («Classiques de la philosophie»/Hatier, 2002). Par ailleurs, Patrick Wotling pro-pose d’excellentes traductions richement annotées de trois ouvrages majeurs de Nietzsche: le Gai Savoir (GF, réédition2000), Par-delà bienet mal (GF, 2000) et Eléments pour la Généalogie de la morale (LGF, 2000). S’agissant d’Ainsi parlait Zarathoustra, on se reportera avecbonheur à la belle traduction de Georges-Arthur Goldschmidt (LGF, 1972). Les Œuvres philosophiques complètes (comprenant l’intégra-lité des «Fragments posthumes») sont accessibles en traduction française chez Gallimard (1967-1997);la collection «Folio Essais» en fournit une version de poche (sans les «Fragments posthumes»). De plus, Nietzsche fait son entrée dans la «Bibliothèque de la Pléiade», où le premier tome de ses Œuvres (qui regroupe des textes de jeunesse, la Naissance de la tragédie et les quatre Considérations inactuelles) a déjà été publié (Gallimard, 2000) sous la direction de Marc de Launay. Nietzsche a également beaucoup écrit de lettres, qui constituent un complément précieux à l’intelligence de son œuvre; les deux premiers tomes de sa Correspondance (1850-1874) sont publiés chez Gallimard (1986). Une édition fort utile de ses Dernières Lettres est en outre parue en poche chez Rivages (1992). Enfin, la passionnante correspondance entre Nietzsche, Paul Rée et Lou Andreas-Salomé est disponible en version française aux Presses univer-sitaires de France (Correspondance de Friedrich Nietzsche, Paul Rée, Lou von Salomé, «Quadrige»/PUF, 2001). Cela dit, s’il est nécessaire de commencer par la lecture des œuvres elles-mêmes, il est bien difficile de lire Nietzsche sansl’accompagnement de bons commentaires. Le lecteur pourra notamment se reporter au très précieux Vocabulaire de Nietzsche(Ellipses, 2001) de Patrick Wotling, où se trouvent expliqués par le menu la plupart des idiomes fondamentaux de la pensée nietzschéenne. Du même auteur, citons la Pensée du sous-sol (Allia, 1999), étude pénétrante de la redéfinition du rôle de la psychologie chez Nietzsche, ainsi que Nietzsche et le problème de la civilisa-tion («Questions»/PUF, 1999), qui reconstitue de façon novatrice la cohérence du parcours nietzschéen autour de l’interprétationdu devenir des cultures. Si l’on désire s’initier à chaque œuvreen particulier, le recueil d’Ecrits sur Nietzsche (L’Eclat, 1996) par Giorgio Colli (coéditeur de l’édition scientifique des Œuvres de Nietzsche) constituera sans nul doute un excellent guide. L’ouvrage pionnier de Gilles Deleuze, Nietzsche et la philosophie («Quadrige»/PUF, réédition 1999), malgré quelques imprécisions, reste une tentative pleine de verve pour mettre en évidence l’irréductibilité de Nietzsche vis-à-vis de toute la tradition philosophique, ainsi que son explosive originalité. Le livre d’Alexander Nehamas Nietzsche:la Vie comme littérature («Philosophie d’aujourd’hui»/PUF, 1994) rend justice à l’importance de la référence esthétique dans la pensée nietzschéenne. Le solide commentaire d’Eric Blondel, Nietzsche, le corps et la culture - La philosophie comme généalogie philologique (PUF, 1986), insiste quant à lui sur l’importance primordiale de l’usage des métaphores dans l’invention du nouveau langage nietzschéen. A ceux qu’intéresse le rapport de Nietzsche à la musique, le délicat ouvrage de Georges Liébert Nietzsche et la musique («Quadrige»/PUF, 2000) apportera une riche information, sur le plan tant biographique que philosophique. Signalons pour finir deux recueils d’articles parti-culièrement suggestifs: Lectures de Nietzsche («Références»/LGF, 2000), qui regroupe une dizaine de contributions de très grande qua-lité, et, paru également en 2000, le Cahier de l’Herne consacré à Nietzsche, qui contient aussi bon nombre d’articles de valeur.Nietzsche sur la toile De nombreux sites Internet sont désormais consacrés à Nietzsche, et permettent un accès aisé à certaines de ses œuvres ainsi qu’à des commentaires en tout genre. Parmi eux, le plus ambitieux est incontestablement le siteHyperNietzsche (www.hypernietzsche.org) dirigé par Paolo d’Iorio, qui a pour vocation de fédérer les recherches sur Nietzsche en proposant les fac-similésde ses œuvres, ainsi qu’un abondant matériau critique (commentaires, biographies, bibliographies, documents audiovisuels, etc.). Ceux qui souhaitent avoir accès à un maximum d’œuvres en version originale seront amplement rassasiés par le projet Gutenberg (www.gutenberg2000.de), qui propose, parmi bien d’autres auteurs allemands, les Œuvres complètes du philosophe, ainsi que la quasi-totalité des «Fragments posthumes». En version française, on peut trouver un intéressant choix de lettres traduites et présentées sur le beau site Nietzsche à la lettre (perso.wanadoo.fr/nietzsche_a_la_lettre). Pour ceux qui souhaitent consulter quelques commentaires «on line», nous nous permettons de signaler le site Zara2000, particulièrement complet et souvent amusant, qui propose en outre une version téléchargeable de l’opuscule nietzschéen «Vérité et mensonge au sens extra-moral» (zara2000.org). Nous leur recommandons également d’aller faire un tour sur le Cahier virtuel d’études philosophiques (site.voila.fr/Cahier_Virtuel), qui regroupe un grand nombre de sites passionnants consacrés au philosophe. Enfin, ils pourront trouver unentretien suggestif de Yannis Constantinidès sur www.espacestemps.net.Source : Le Nouvel Observateur - Hors-Série - n°210 - Auteur : Olivier Tinland |