Friedrich Nietzsche
Friedrich Wilhelm Nietzsche (1844-1900)

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 Sommes-nous de bons Européens? 

Nietzsche n’a pas eu de mots assez sévères pour stigmatiser les crispations identitaires,l’auto-idolâtrie raciale et la folie nationaliste. Il a appelé de ses vœux une Europe conçue comme une communauté surnationale qui invente l’avenir en dépassant ses anciennes idoles "Ainsi parlait Zarathoustra" ("Also sprach Zarathustra", 1883-1885)Le "cinquième évangile" Cette œuvre est complètement à part. » Objet absolument inclassable, non seulement dans la production nietzschéenne, mais encore dans toute l’histoire de la philosophie, le « Zarathoustra » est sans doute l’ou-vrage de Nietzsche qui a le plus séduit le grand public et le plus égaré les commentateurs. Vaste poème symphonique regorgeant d’inventions stylistiques, de personnages pittoresques et énigmatiques – le nain, l’aigle et le serpent, l’enchanteur, le dernier pape, l’homme à la sangsue... – et d’intuitions philosophiques exposées sur un mode plus lyrique que démonstratif, ce livre constitue bien le « cinquième évangile », le pendant exubérant et parodique des livres sacrés préludant à la transvaluation des valeurs chrétiennes. Du point de vue du contenu, on retrouve là des thèmes annoncés dans « le Gai Savoir » – la volonté de puissance, l’éternel retour, la mort de Dieu, le primat du corps sur la conscience –, qui s’organisent de façon rhapsodique autour d’une figure centrale : le surhumain, c’est-à-dire la possibilité que l’homme puisse s’autodépasser vers un au-delà de lui-même, qu’il ne soit qu’un « pont », qu’une « corde » tendue entre son passé et son avenir. Par son ton prophétique et chiffré, le « Zarathoustra » tient davantage de l’Ancien Testament que des Evangiles ; il n’expose pas un avènement, mais un présage ; Zarathoustra lui-même n’est pas l’incarnation de l’idéal visé, seulement son porte-parole émouvant,parfois égaré, toujours en chemin. Comme Nietzsche.

Peut-on faire de l’unité de l’Europe une figure privilégiée de l’avenir, sans lui donner la consistance d’une espérance? Peut-on croire à l’Europe si elle ne promet pas une nouvelle forme de communauté et de coappartenance, si l’affirmation d’un «nous» inédit qui affranchisse les Européens de tout repli régressif sur les identités nationales des siècles passés n’en accompagne la construction? Si ces questions sont les nôtres aujourd’hui, si elles prennent au regard des derniers résultats électoraux européens une résonance inquiétante, elles furent aussi, il y a plus de cent ans, quand le heurt des nationalités n’avait pas encore donné la pleine mesure de sa puissance de destruction, celles de Nietzsche. Alors que, du temps où il était professeur à l’Université de Bâle, il avait d’abord souscrit sans réserve à une certaine foi dans l’Allemagne, à la conviction par-tagée que le renouvellement de la mu-sique et de la culture allemandes, sous la puissance tutélaire de Wagner, devait œuvrer au salut de la civilisation, dèsses années d’errance à travers l’Europe du Sud, au contraire, une certaine idée de l’Europe et de son unité en devenir lui permit de combattre sans relâche ses démangeaisons nationalistes. «Nous autres "bons Européens", écrit-il dans "Par-delà bien et mal", nous avons aussi nos heures de nationalisme, des moments où nous nous permettons un plongeon, une rechute dans de vieilles amours et leurs étroits horizons [...], nos heures de démangeaisons patriotiques où nous nous laissons submerger par toute espèce de sentiments ataviques.»

Les nations-fictions

A ces pulsions réactives, pour lesquelles il n’a pas de mots assez sévères –«infection nationaliste», «auto-idolâtrie raciale», «nationalisme de bêtes à cornes», «folie nationaliste»–, Nietzsche oppose d’abord le constat de ce qu’il appelle le métissage européen. L’idée d’une Europe constituée de nations cloisonnées, opposées les unes aux autres, appartient déjà au passé et relève du mythe. Etre un Européen exige au contraire qu’on prenne acte de l’affaiblissement des nations prises individuellement, qu’on reconnaisse dans l’accroissement du commerce et de l’industrie, dans la circulation des idées, dans les échanges de livres, dans la traduction des pensées d’une langue en une autre, dans le décloisonnement des cultures, dans l’extraordinaire mobilité des populations, dans l’augmentation du nomadisme, les signes de l’avenir et l’annonce d’une nouvelle forme de communauté. Les nations européennes n’ont donc plus, depuis longtemps, une identité propre qui devrait être jalousement entretenue et protégée, sinon sous la forme d’une fiction. La réalité de leur coexistenceest bien davantage celle d’identités croi-sées, recoupées, voire indissociablement mêlées. A cet état de fait inéluctable, le nationalisme crispé sur le passé n’a rien à opposer, aucune promesse, aucune attente crédible. «Il est par essence, écrit Nietzsche dans "Humain, trop humain", un état violent de siège et d’urgence décrété par une minorité, subi par la majorité, et il a besoin de ruse, de violence et de mensonge pour se maintenir en crédit.» Les intérêts auxquels il obéit –dynasties princières, classes du commerce et classes sociales– sont toujours obscurs. C’est pourquoi, dès 1878, la conclusion de Nietzsche est sans appel: «Il ne reste plus qu’à se proclamer sans crainte bon Européen et à travailler par ses actes à la fusion des nations.» Mais qu’est-ce qu’être un «bon Européen»? C’est d’abord avoir conscience de l’héritage de l’Europe, non de l’Europe géographique, «cette petite presqu’îlede l’Asie», mais de l’ensemble des peuples ou des parties de peuple qui ont leur passé commun dans l’hellénisme, la latinité, le judaïsme et le christianisme. Cela ne veut pas dire s’en glorifier, le cultiver, le commémorer, voire le sacraliser, telle une valeur éternelle, mais s’en déprendre, se défaire avec courage etlucidité de tout ce qui lie aveuglément les Européens au système de valeursqui constitue le point d’aboutissement de cette histoire: le christianisme –système que Nietzsche s’attache à détruire, comme hiérarchie des instincts hostile à la vie, dans toute son œuvre. Ce passé est complexe; et la mémoire qu’on en garde, un risque et un défi pour la pensée. En un sens, il est ce qui rassemble, pour une bonne part, les Européens, y compris sous la forme de leur division en une pluralité de nations dressées, au nom souvent de ces mêmes valeurs chrétiennes, les unes contre les autres. A ce compte, il appelle un travail d’analyste et de généalogiste, de moralisteou d’immoraliste et de psychologue. Les Européens doivent savoir d’où viennent ces catégories de bien et de mal, de bon et de mauvais, de juste et d’injuste, ou encore le mépris du corps, le retournement de la vie contre elle-même, le ressentiment contre le temps, qui conditionnent leur existence. Mais rien neserait plus contraire à l’espérance que porte en elle l’idée de l’unité de l’Europe que la reproduction ou la conservationà l’identique de ce passé et le maintien de ces catégories –ce que connotent les expressions auxquelles trop souvent, aujourd’hui encore, on voudrait identifier l’Europe: «la civilisation chrétienne», «l’Occident chrétien», etc. Comme l’écrit Nietzsche dans «le Gai Savoir»: «Nous sommes, en un mot –et ce sera ici notre parole d’honneur!–, de bons Européens, les héritiers de l’Europe, héritiers riches et comblés, mais héritiers aussi infiniment redevables de plusieurs millénaires d’esprit européen, comme tels à la fois issus du christianisme et anti-chrétiens.»

Les triomphateurs du temps

L’avenir de l’Europe, donc, n’appartient pas à l’exaltation autosatisfaite de son identité passée, mais à sa criti-que radicale. Les bons Européens, écrit Nietzsche dans «Opinions et sentences mêlées», sont «ceux qu’affecte quelque passé» et qui simultanément prennent «le chemin d’une santé nouvelle, santé de demain et d’après-demain»: «les triomphateurs du temps». L’unité endevenir de l’Europe est ainsi le mouvement qui accompagne le regard critique que les Européens sont appelés à porter autant sur leurs représentations que sur leurs croyances et leurs attachements. A commencer par tout ce qui a pu déterminer et organiser leur relation au restedu monde: leur infini sentiment de supériorité, leur conviction qu’ils incarnent la civilisation et, pour finir, leur volonté de soumettre, au nom du Dieu de l’amour et de la cruauté, la Terre entière. Une volonté pour laquelle Nietzsche a, en 1883, des mots assez durs: «La façon dont l’Européen a fondé des colonies prouve sa nature de bête de proie.» Cette attention de généalogiste aux nœuds complexes de l’héritage, c’est ce dont se montre incapable le nationalisme. Comme le bon Européen, il se laisse af-fecter par le passé, sauf que, loin d’être le moteur d’un regard critique salutaire, cette affectation prend la forme d’une crispation maladive portant d’abord sur l’extension de la démocratie. C’est elle en effet qui, selon Nietzsche, résume le mieux l’affaiblissement des nations, au sens ancien du terme. Elle généralise, à l’échelle de l’Europe, une passion commune qui abolit les différences d’autre nature, tels les mœurs ou le caractère: la passion de l’égalité, qui conjugue en elle de façon presque contradictoire, l’individualisme et l’exigence de droits égaux. Sur cette passion qui fait le fonds de l’idéal démocratique, on sait que Nietzsche porte un regard empreint d’une grande méfiance, voire d’une certaine hostilité. Il la soupçonne d’être le dernier avatar de la révolte des faibles contre les forts, du retournement de la volonté de puissance contre elle-même qui constituerait en réalité le trait fondamental de l’histoire de l’Europe depuis l’Empire romain. Et pourtant, son attitude face à la démocratie reste celle d’une affirmation sans réserve. S’il refuse de se faire des illusions sur le progrès démocratique,en lui donnant le sens d’un amoindris-sement de la force, il lui reconnaît lemérite de rendre les Européens dispo-nibles pour l’invention d’une nouvelle forme de communauté: «Les Européens se ressemblent toujours davantage, écrit-il dans "Par-delà bien et mal", ils s’émancipent toujours plus des conditions qui font naître des races liées au climat et aux classes sociales, ils s’affranchissent dans une mesure accrue de tout milieu déterminé, générateur de besoins identiques, pour l’âme et le corps, durantle cours des siècles, ils donnent nais-sance peu à peu à un type d’humanité essentiellement supranationale et nomade qui, pour employer un terme de physiologie, possède au plus haut de-gré, et comme un trait distinctif, le don et le pouvoir de s’adapter.» L’émancipation, l’affranchissement, la disponibilité pour l’inversion des valeurs et pour l’invention de nouveaux liens que crée la ressemblance entre les Européens, c’est ce dont le nationalisme a horreuret à quoi il n’a rien d’autre à opposer que son «souffle de médiocrité, de bassesse, d’insincérité». Son attitude est par essence négative et réactive. La politique qui s’en inspire est toujours une «petite politique». Elle reste, quelles que soient ses ambitions grandiloquentes, une politique de clocher qui, loin de proposer une vision d’avenir, s’accroche à des sacralisations régressives: la culture, la langue, le patrimoine et les grandes figures de l’histoire, les traditions, comme piliers de l’identité nationale. Nietzsche, à ce sujet, a des mots d’une férocité exemplaire contre tous les cultes nationaux, l’appropriation compulsive de ce quiappartient déjà au passé, comme, par exemple, les costumes nationaux: «Partout où l’ignorance, la malpropreté, lasuperstition sont florissantes, où les échanges sont faibles, où l’agriculture est misérable, le clergé puissant se trouvent encore aussi les costumes nationaux.» Le nationaliste et l’Européen de l’ave-nir diffèrent donc du tout au tout dans leur évaluation de l’époque, c’est-à-dire des forces qu’elle rend disponibles. Toute la force que dégage la démocratie et que l’Européen voudrait mobiliser en vue d’une invention de l’avenir et de nouvelles valeurs pour la vie, le nationaliste l’oriente, lui, contre la vie. La raison majeure en est qu’il se trouve incapable de «surmonter l’esprit de cette époque au-dedans de lui-même». Loin de favori-ser un développement de la volonté de puissance, il consacre, par sa fixationnévrotique sur un passé perdu et surune identité fictive largement fantasmés, la perversion, le retournement de cette volonté contre elle-même. C’est pourquoi, bien qu’il se veuille une réaction à l’effondrement des valeurs, il est la forme politique la plus grossière, mais aussi la plus dangereuse du nihilisme.

Le "surnational"

On comprend alors que, dans une ébauche de «Par-delà bien et mal», le «surnational», caractéristique du bon Européen, soit présenté par Nietzsche comme l’une des conditions qui rendent possible la vie du sage. A une histoirede l’Europe qui consiste à exposer, nation par nation, les hauts faits de gloires nationales pour le bien de leur patrie, Nietzsche oppose une autre histoire, dans laquelle se distinguent tous ceux qui n’ont eu d’autre désir que de contribuer à l’unité de l’Europe: «Tous les hommes vastes et profonds de ce siècle aspirèrent au fond, dans le secret travail de leur âme, à préparer cette synthèse nouvelleet voulurent incarner, par anticipation, l’Européen de l’avenir.» Au panthéon de cette Europe unie, il installe, avec des succès divers, Napoléon, Gœthe, Sten-dhal, Heinrich Heine, Schopenhauer et, avec beaucoup de nuances, Wagner. Au-delà du regard lucide et critique qui le définit, ou peut-être en raison même de ce regard, le bon Européen est donc avant tout un homme de désir, qui ne se laisse piéger par aucun ressentiment contre le temps, qui n’a besoin d’aucune consolation, qui n’attend pas non plus de salut particulier à l’intérieur des frontières nationales, comme s’il y avait quelque chose de sacré –la langue, le sol, les lieux de mémoire, la parole et les gestes des ancêtres, le fil qui relie à d’hypothétiques origines– qu’il faudrait sauver à tout prix et dont la sauvegarde, par là même, pourrait sauver chacun du nihilisme. Un homme qui choisit délibérément de dire oui à l’avenir: «Le oui caché en vous est plus fort que toutes sortes de non et de peut-être, dont vous souffrez solidairement avec votre époque; et si vous deviez gagner la mer, vous autres émigrants, ce qui vous y pousserait, vous aussi, serait encore une croyance.» Et c’est ainsi qu’apparaissent les derniers traits de l’Européen de l’avenir,ceux qui portent le plus l’ombre de Zara-thoustra. Il est un homme que rien n’approprie à rien et dont aucune communauté ne peut réclamer l’appartenance. De façon singulière, chaque fois qu’ilest question de lui, comme du bon Européen, Nietzsche, songeant peut-être àses incessants déplacements à l’intérieur des frontières de l’Europe (de Nice àSils-Maria, en passant par Naples, Gênes ou Capri), évoque la figure de l’errant,de l’émigrant, de celui qui ne se reconnaît plus aucune patrie, ce «vagabond, apatride, voyageur –qui a désappris d’aimer son peuple, parce qu’il aime plusieurs peuples». Parmi les noms qui, dans le texte nietzschéen, constituentdes équivalents de «bon Européen» figure celui de «sans-patrie»: «Nousignorons encore vers quoi nous sommes poussés depuis que nous nous sommes coupés de notre sol ancestral. Mais ce sol même nous a inculqué la force qui nous pousse maintenant au loin, à l’aventure [et qui nous] jette dans l’absence de rivage, dans l’inconnu et dans l’inexploré –nous n’avons plus le choix, nous devons être des conquérants, puisque nous n’avons plus de pays où nous soyons chez nous, où nous souhaitions "maintenir une pérennité".» Reste à dire quelle est cette croyance dans laquelle se fonde l’espérance d’une nouvelle forme de communauté, d’une nouvelle façon de vivre ensemble. Elle tient à la capacité des artistes et des écrivains d’imposer, de communiquer, de faire partager ces nouvelles valeurs, cette nouvelle hiérarchie des instincts quis’affranchissent de celles de l’ancienne morale et de tout ce qu’elles ont pu cautionner. Elle suppose aussi la conviction qu’un rapport plus rigoureux et plus critique au langage, une vigilance accrue à l’encontre des mots qu’on utilise et des représentations, des préjugés qu’ils légitiment creusent la première brèche dans des frontières de langue et de culture artificiellement entretenues. La communauté dont Nietzsche ap-pelle de ses vœux la réalisation prend ainsi la forme d’une aristocratie d’artis-tes et de penseurs –une aristocratie quiatteste sa dimension européenne en faisant, par exemple, de la traduction un principe d’existence: «Mieux écrire, c’est à la fois mieux penser, trouver toujours quelque chose qui vaut d’être communiqué et savoir le communiquer vraiment; se prêter à être traduit dans la langue des voisins; se rendre accessi-ble à l’intelligence des étrangers qui apprennent notre langue, œuvrer en sorte que tout devienne un bien collectif, que tout soit à la libre disposition des hom-mes libres. [...] Qui prône le contraire,ne pas se soucier de bien écrire et de bien lire –ces deux vertus croissent et diminuent ensemble–, montre en fait aux peuples un chemin pour arriver à être encore plus nationalistes.»

6. “Ainsi parlait Zarathoustra” (“Also sprach Zarathustra”, 1883-1885)
Le “cinquième évangile”

Cette œuvre est complètement à part. » Objet absolument inclassable, non seulement dans la production nietzschéenne, mais encore dans toute l’histoire de la philosophie, le « Zarathoustra » est sans doute l’ou- vrage de Nietzsche qui a le plus séduit le grand public et le plus égaré les commentateurs. Vaste poème symphonique regorgeant d’inventions stylistiques, de personnages pittoresques et énigmatiques – le nain, l’aigle et le serpent, l’enchanteur, le dernier pape, l’homme à la sangsue... – et d’intuitions philosophiques exposées sur un mode plus lyrique que démonstratif, ce livre constitue bien le « cinquième évangile », le pendant exubérant et parodique des livres sacrés préludant à la transvaluation des valeurs chrétiennes. Du point de vue du contenu, on retrouve là des thèmes annoncés dans « le Gai Savoir » – la volonté de puissance, l’éternel retour, la mort de Dieu, le primat du corps sur la conscience –, qui s’organisent de façon rhapsodique autour d’une figure centrale : le surhumain, c’est-à-dire la possibilité que l’homme puisse s’autodépasser vers un au-delà de lui-même, qu’il ne soit qu’un « pont », qu’une « corde » tendue entre son passé et son avenir. Par son ton prophétique et chiffré, le « Zarathoustra » tient davantage de l’Ancien Testament que des Evangiles ; il n’expose pas un avènement, mais un présage ; Zarathoustra lui-même n’est pas l’incarnation de l’idéal visé, seulement son porte-parole émouvant,parfois égaré, toujours en chemin. Comme Nietzsche.

Source : Le Nouvel Observateur - Hors-Série - n°210 - Auteur : Marc Crépon